EN BREF
Le loisir, tout le monde s’y adonne. Comment les gens meublent-ils leur temps libre? En pratiquant des activités qui leur font du bien, qui les rendent heureux! Le loisir se décline en une multitude de possibilités : le plein air, le loisir culturel, l’activité physique, le sport, le loisir scientifique, le loisir socio-éducatif, le loisir pour personnes handicapées, le loisir touristique, etc.
Il s’agit d’une façon pour les gens de se maintenir en forme autant physiquement que mentalement. Le loisir est aussi un moyen de socialiser en pratiquant des activités avec ses proches ou avec d’autres individus dans divers contextes, que ce soit lors d’événements comme des festivals et des fêtes, lors de tournois sportifs familiaux, ou encore lors de parties de hockey un soir d’hiver avec d’autres amateurs présents sur la patinoire municipale.
PANDÉMIE
Il est indéniable que la pandémie de COVID-19 a chamboulé nos habitudes à tous les niveaux, engendrant des pénuries de matériel et d’équipement dans toutes les sphères du loisir. Cette augmentation drastique de la demande et des achats démontre que ce dernier fait partie intégrante de nos vies et du besoin qu’ont les gens d’avoir accès à des activités. Parmi tous les volets du loisir, le plein air s’est particulièrement démarqué depuis le début de cette période difficile. Les gens ayant été confinés pendant plusieurs semaines à l’intérieur ont bien évidemment ressenti le besoin de sortir et de bouger! Tellement, que certains parcs et sentiers ont vu leur popularité monter en flèche, créant ainsi quelques enjeux au niveau de la protection des lieux et des places de stationnement. C’est là qu’entre en jeu l’importance de l’action municipale en loisir. Il est du devoir des municipalités d’assurer une offre abordable, de qualité et accessible à tous, ainsi que d’entretenir les espaces réservés aux loisirs au sein de leurs milieux. Plus de détails à ce sujet seront offerts dans les sections « Les responsabilités de la municipalité » et « Le rôle de l’élu ».
La pandémie (2020-2022) est aussi un exemple parfait pour démontrer comment le loisir est affecté par le climat social. La demande en loisir est influencée par des facteurs sociaux intimement liés à la population et cette demande peut changer au fil des années. Plus de détails à ce sujet seront offerts dans la section « Tendances en loisir ».
HISTOIRE ET STRUCTURE DU LOISIR AU QUÉBEC
D'abord initié par le clergé, puis graduellement chapeauté par les instances publiques, le loisir québécois est bien vivant depuis plus de 135 ans. On reconnaît toutefois que l’histoire du « loisir organisé » est relativement jeune et a pris son essor seulement après les années trente.
Son développement fut réalisé selon une ligne du temps en montagnes russes, ce dernier tantôt reconnu comme nécessité sociale, tantôt faisant l’objet d’un grand désengagement de l’état, puis identifié comme moyen puissant d'amélioration du tissu social, des saines habitudes de vie ainsi que de l'attraction et de la rétention dans les milieux. La pandémie de COVID-19 qui sévit depuis 2020 aura propulsé la reconnaissance de l’importance du loisir de proximité à un autre niveau.
Plus que jamais, le loisir, au palier local, se définit comme un outil privilégié et accessible pour une communauté vivante, accueillante, solidaire, fière et en santé.
Organisation par le clergé
1912
Ouverture de camps de vacances pour les enfants de familles défavorisées.
1930
Œuvres paroissiales de loisir pour toute la population
1960-1977
Prise en charge par les corps publics
1960
Modification de la Loi des cités et des villes
(autorisation d'ententes)
1968
Création des Conseils régionaux de loisir (CRL)
1974
Adoption d'une résolution, par les ministres provinciaux du sport et du loisir, reconnaissant le loisir au Canada comme un service
1980-1990
Désengagement
de l'état
2002-2019
Québec en Forme accompagne et soutient différentes initiatives à l’échelle locale,
régionale et nationale dans la promotion des saines habitudes de vie chez les jeunes.
1979
Adoption de la Politique du loisir au Québec; On a un monde à recréer. On y proclame la municipalité maître d'œuvre au plan local et le citoyen au cœur des préoccupations.
Création du ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche (MLCP)
1998
Création des Unités régionales de loisir
et de sport (URLS)
2008
10e Congrès mondial du loisir à Québec - Déclaration de Québec : « Le loisir exerce un rôle essentiel au développement des communautés : il agit sur la qualité de vie et la santé des personnes, contribue au développement de liens sociaux et du capital social et constitue un lieu d’expression et d’apprentissage de la vie démocratique ».
2016
Les URLS se voient confier de nouveaux mandats par le ministère de l’Éducation (dont le volet Kino-Québec).
2019
Les URLS se voient confier de nouveaux mandats par le ministère de la Culture et des Communications pour le soutien au développement du loisir culturel dans les régions.
2022-...
On parle d’une grande relance dont les contours ne sont pas encore définis, mais le visage du loisir sera assurément différent au cours des prochaines années…
1885
Création des Patros pour prévenir la délinquance, encadrer moralement la jeunesse, promouvoir les loisirs éducatifs et venir en aide aux gens des quartiers défavorisés.
1929
Œuvres de terrains de jeux jetant les bases du loisir organisé pour les jeunes des milieux ruraux et urbains.
1940
Fédérations diocésaines des OTJ
1965
Création du Bureau des sports et des loisirs au MEQ
1970
Création du programme des Jeux du Québec
1977
Livre vert sur le loisir au Québec; Prendre son temps. Début d'une vaste consultation publique
1980
Création des municipalités régionales de comté (MRC)
2006
Publication de l’Avis sur l’éthique en loisir et en sport
Années d'effervescence
1990-2007
Décentralisation vers
les municipalités
2015
Mobilisation des URLS du Québec afin de définir les enjeux communs dans les régions dans une perspective de développement des expertises, de mise en commun, de partage, etc.
Charte internationale de l’éducation physique, de l’activité physique et du sport, UNESCO.
2017
Adoption de la nouvelle Politique de l’activité physique, du sport et du loisir Au Québec, on bouge! et publication de l’avis sur le plein air Au Québec, on bouge en plein air!
2020
Pandémie de COVID-19. Un grand bouleversement des habitudes de pratique, des habitudes d’implication et des habitudes de consommation du loisir.
L'ÉCOSYSTÈME DU LOISIR AU QUÉBEC
Il n’est pas simple de faire un schéma des intervenants en loisir au Québec. Les acteurs sont nombreux et ils agissent tant aux plans local, régional que provincial. Voici notre version de la
« cartographie » des acteurs majeurs du monde du loisir.
Bien que ce schéma soit conçu sur un axe vertical, il représente une complémentarité dans les responsabilités et dans les actions à différents niveaux. Ainsi, pour un même sujet donné, tous les paliers ont leur rôle à jouer. Par exemple, dans le dossier des camps de jour :
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Provincial : développement de la formation (ex.: le DAFA par le CQL, Remue-Méninge par l'ACQ), mise en place de mesures de soutien et de programmes.
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Régional : coordination des formations et soutien à l’offre dans l’ensemble des MRC et des municipalités du territoire. Soutien aux gestionnaires et à l’amélioration des services. Coordination de programmes (Accompagnement en loisir, PAFILR, etc.).
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Local : embauche et formation du personnel estival (gestionnaires, coordonnateurs, animateurs, aide-animateurs). Coordination et soutien direct aux camps de jour.
Dans certains milieux, l’embauche d’agents de développement en loisir en milieu rural au niveau des MRC permet d’appuyer le travail des bénévoles et des municipalités sur leur territoire. Il s'agit alors d'un acteur précieux qui travaille en étroite complicité avec le palier régional afin d’assurer un lien entre les besoins du milieu et le déploiement des ressources disponibles aux autres paliers d’intervention.
Le schéma présenté ici fait référence au loisir public, mais il existe en parallèle, toutes les activités de loisir offertes par les entreprises privées (cinémas, restaurants, activités touristiques, gym, etc.).
L'ÉCOSYSTÈME DU LOISIR MUNICIPAL
Dans le monde du loisir municipal, chacune des organisations fait partie d’une chaîne. Elles ont chacune leur rôle, leur pertinence et leurs enjeux. Ensemble, elles forment un écosystème pour s’assurer d'une offre en loisir concertée et diversifiée.
UNITÉ RÉGIONALE DE LOISIR ET DE SPORT
LA MUNICIPALITÉ
Comme nous le verrons un peu plus loin, la municipalité est le maître d'œuvre du loisir offert à sa population. Ses liens sont nombreux avec les diverses organisations locales, régionales et parfois nationales dans le développement, la promotion et l'offre en loisir. Ces liens à « double sens » peuvent être des collaborations, des ententes, du soutien financier, des prêts de services ou de tout autre nature. Voici quelques exemples de relations écosystémiques du loisir municipal.
LA MRC
La MRC agit sur différents plans selon sa vision du développement du loisir, en collaboration avec les municipalités. Tel que mentionné précédemment, certaines MRC bénéficient d’un agent de développement en loisir. Pour d’autres, c’est l’agent en développement social, touristique ou en culture qui s’occupe du loisir. La MRC encadre le développement de son territoire par l’entremise de son schéma d’aménagement. Dans certains milieux, elle travaille au développement de politiques et de plans d’action divers qui concernent le loisir : politiques familiales et MADA, planifications stratégiques en loisir, politiques de développement culturel, etc. La MRC gère également différents programmes qui peuvent servir de leviers financiers aux municipalités pour assumer des projets en loisir municipal.
CLUBS ET ASSOCIATIONS - COMITÉS DES LOISIRS ET DU CLUB DE L’ÂGE D’OR
Les clubs et associations, tout comme le comité des loisirs, sont des véhicules démocratiques pour encourager la participation citoyenne. Les personnes qui désirent s’impliquer bénévolement dans l’organisation d’événements et d’activités de loisir peuvent utiliser ces organismes pour combler leur besoin en implication et en innovation. Ces organismes sont également des prestataires de services qui, souvent, peuvent être complémentaires au service des loisirs de la municipalité. Cette dernière, en contrepartie, peut leur offrir un soutien logistique (prêt d’un local) et financier (financement au plan d’action).
LES ÉTABLISSEMENTS ÉDUCATIFS -
CPE, ÉCOLES PRIMAIRES ET SECONDAIRES
Les CPE et les écoles ont avant tout un rôle éducatif et pédagogique. Néanmoins, ils initient les jeunes au plaisir de jouer dehors et peuvent utiliser les infrastructures municipales tel que la bibliothèques ou les parcs. Les municipalités ont besoin de ces organisations pour recueillir leurs besoins et promouvoir leur programmation de loisir. En retour, ces organisations peuvent bénéficier d'un partenariat avec la municipalité pour le financement de leurs infrastructures sportives et récréatives. En effet, les cours d'écoles peuvent devenir des parcs municipaux les soirs de semaine, la fin de semaine et pendant la saison estivale. Il est également fréquent que la municipalité utilise les plateaux sportifs ou les classes pour la tenue d’activités telles que le camp de jour ou certaines activités sportives. Les ententes n'étant pas toujours évidente à rédiger, vous pouvez consulter la formation sur le coopération scolaire-municipal dans la section Nos 4 formations.
LES ORGANISMES AUTONOMES
D’autres organismes autonomes, tels que les maisons des jeunes, les maisons de la famille, les centres d’action bénévole, etc. jouent un rôle important dans les communautés et peuvent s’avérer des partenaires de choix dans l’organisation ou la promotion du loisir auprès de clientèles spécifiques (familles, adolescents, bénévoles, etc.).
À titre d’exemple, les maisons des jeunes, généralement financées par le ministère de la Santé et des Services sociaux et par différentes fondations, sont des spécialistes des adolescents, un public souvent incompris ou mal desservi par l’offre en loisir traditionnelle. Elles sont de grandes utilisatrices des parcs municipaux, des patinoires et des salles communautaires. Elles sont créatives et organisent souvent des activités/événements par et pour les jeunes. Différentes formules de partenariats ont fait leurs preuves avec les années pour des collaborations « gagnant-gagnant » avec les maisons des jeunes, par exemple, l'octroi d’un soutien financier en échange de services tels que l’animation et la sécurité lors des événements de la municipalité et la prise en charge de l'organisation de certaines activités.
Les maisons de la famille sont financées par le ministère de la Famille. Elles offrent habituellement un service de halte-garderie et une programmation d’activités diversifiées en loisir. Les municipalités peuvent profiter de ces organisations comme courroies de transmission pour faire connaître l’existence des infrastructures et la programmation de loisirs municipaux.
TENDANCES EN LOISIR
Les loisirs sont intimement liés à la communauté. Ce sont des éléments comme les intérêts, les réalités du quotidien, ainsi que la démographie d’un milieu qui influencent les besoins en loisir. Il est donc primordial pour un élu de connaître son milieu, son monde, afin de pouvoir mieux répondre à la demande actuelle et future.
Il est également important de comprendre que, tout comme les habitants d’un milieu, les loisirs changent, évoluent et se diversifient au fil du temps. Si l’on se penche sur l’offre et la demande en loisir dans les années 1980 et celle des années 2020 par exemple, il est facile d’observer des différences au niveau des sports, des activités à la mode, ainsi que dans les habitudes de vie. Par exemple, le pickleball, le fatbike et le sport-électronique sont des pratiques relativement récentes.
Un aspect important de votre mandat est donc d’être au courant des tendances actuelles en lien avec les demandes de vos concitoyens. Il est toutefois important de ne pas confondre
« tendance » et « mode ».
Une mode est une manière passagère de se conduire, de penser, à un moment précis. Elle est par définition d’une durée de vie assez courte, ayant un début et une fin bien définis. Souvent, il arrive que des sports ou activités regagnant en popularité apparaissent dans les demandes de vos citoyens. Il est important d’écouter ceux-ci, mais il est tout aussi important de bien planifier l’offre en loisir afin de ne pas dépenser trop de ressources dans une activité qui pourrait potentiellement perdre en popularité.
Une tendance reflète ainsi les différentes habitudes et motivations qu’ont les individus de pratiquer des loisirs. C’est un mouvement de longue durée, qui représente l’évolution d’un phénomène.
LE PLEIN AIR
Activités extérieures permettant à l’individu d’être en contact avec la nature. Selon l’Avis sur le plein air de 2017, 84 % des jeunes souhaiteraient faire plus d’activités en plein air et en nature.
L'ACTIVITÉ PHYSIQUE
Exprimant un désir de bouger, de se divertir en pratiquant un sport, quel qu’il soit, et d’avoir l’opportunité d’y aller à son propre rythme. Selon une étude de l’INSPQ réalisée dans les premiers mois de la pandémie, le taux de personnes actives a drastiquement diminué, passant de plus de 50 % à environ 30 % de personnes participant à des activités physiques. La pratique régulière d’activités physiques ayant plusieurs bénéfices sur la santé, il est important de prendre en compte la pertinence de l’offre de ces activités lors de la planification des loisirs de votre milieu.
LE DÉSIR DE VIVRE UNE EXPÉRIENCE
Avoir l’impression d’apprendre ou de se dépasser, relever des défis, faire des rencontres et découvrir.
LA PRATIQUE LIBRE (DE PLUS EN PLUS POPULAIRE)
Quand je veux, comme je veux et avec qui je veux. Activités sans organisation formelle, où les participants peuvent se présenter sans horaire et pratiquer le loisir choisi quand bon leur semble. La pratique libre a un impact sur les installations offertes par une municipalité. Cette tendance était déjà en grande progression depuis les dernières années. Elle s’est imposée d’elle-même avec la pandémie et a même pris de l’expansion dans des domaines où elle était peu présente, notamment dans le milieu des spectacles et des musées, qui ont développé des services et des activités en format numérique. Tout porte à croire que les gens continueront d’apprécier leurs loisirs en format indépendant.
LES ACTIVITÉS POUR AÎNÉS, DE PLUS EN PLUS
« BRANCHÉS » ET ACTIFS
En effet, les personnes aînées sont de plus en plus « branchées » et sont en moyenne en meilleure forme physique qu’auparavant. Ils partagent d’avantage d’intérêts avec les autres groupes d’âge pour ce qui est des loisirs et utilisent les mêmes infrastructures.
LE LOISIR EN FAMILLE
Des activités à faire en famille, des parents jouant avec leurs enfants dans les parcs, sur un terrain de soccer, sur une patinoire, au hockey, etc.
LE LOISIR INCLUSIF DES PERSONNES HANDICAPÉES
Il faut garder en tête l’accessibilité aux loisirs pour toute personne, incluant les personnes avec un handicap physique ou intellectuel.
Pour faire face aux modes et aux tendances, voici quelques pistes de réflexions permettant la planification judicieuse des loisirs de votre milieu :
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Afin de maximiser le potentiel de chaque investissement, il est judicieux de privilégier les équipements polyvalents. Prévoir plusieurs usages pour une infrastructure ou un même morceau d’équipement, c’est faire d’une pierre, deux coups!
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Avant de prendre des décisions, prenez soin d’analyser les statistiques de la population.
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La pandémie nous aura appris une chose : il est important d’effectuer des recherches! Lorsque vous achetez du matériel, informez-vous. Ne vous fiez pas seulement aux vendeurs!
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Se baser sur les bonnes pratiques reconnues. Actuellement, il existe une multitude de guides d’aménagements disponibles.
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En lien avec les modes passagères, il est important de faire attention aux groupes organisés qui tentent de pousser des projets aux aspects plus pointus, voire personnels.
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Dans le même ordre d’idées, il est important d’écouter l’ensemble des citoyens.
Il est important d’impliquer les citoyens dans les décisions. Après tout, ce sont eux les premiers concernés!